Alors, pourquoi est-ce que, un art martial qui se veut un orienté vers la défense personnelle ou l’autodéfense possède un curriculum de Buki waza (technique d’armes)?
Quand même lointaines sont les années ou les gens se promènent dans les rues avec un sabre à la hanche, ou en trainant deux seaux d’eau à l’extrémité d’un bâton de 6 pieds sur les épaules.
Effectivement, ce n’est pas pour les applications d’autodéfense que les armes sont incluses. (Une parenthèse par contre, si vous vous retrouvé, malgré vos efforts pour l’évité, dans une situation d’agression, et qu’une arme est à porté d’utilisation, je vous encourage fortement de le faire!).
Les armes sont très utiles pour aidé apprendre un aspect qui est très important, mais pour certain très difficile a apprendre. La distance! Une personne a beau avoir la vitesse de l’éclair, ou la puissance d’un boeuf, s’il est trop loin, l’effet sera loin d’être spectaculaire. De même s’il est trop proche, les résultats escomptés seront différents de ceux obtenus.
La pratique des armes aide ce travail de distance (ainsi que beaucoup d’autres aspects très importants, oui). Surtout dans les cas où les armes utilisées ne sont pas de la même longueur. Lorsque bien travaille, un enchaînement entre, par exemple, un sabre et un bâton long est une constante réévaluation de la distance pour les deux pratiquants. Dans cette situation, le pratiquant avec le sabre veut s’approcher, pour être capable de porter un coup. Du côté du pratiquant avec le bâton, il veut maintenir une distance éloignée pour être capable d’utiliser son arme.
Cela revient à amplifier une différence de portée entre deux personnes lors d’un engagement à mains nues. Dans les combats de boxe, dans les statistiques des boxeurs, la portée de chacun est toujours indiquée. Un boxeur avec une longueur de bras de Dijon 70 pouces. Sa stratégie de combat ne sera surement pas la même s’il est face à un adversaire avec une portée de 75 pouces qu’a un adversaire de 65 pouces.
Évidemment, dans la situation d’une agression, quelqu’un n’a pas le luxe de se préparer d’avance pour l’engagement, contrairement à un boxeur, mais la réalité y est quand même.
Alors, lorsqu’on travaille les armes et qu’on change de type d’armes, le pratiquant apprend a s’adapter à des situations changeantes, force l’adaptation, qui est un des piliers important quand notre pratique martiale. Les enchaînements imposés sont des bases pour développer, les adaptées à des situations différentes. Ce qui est appris avec une arme dans les mains n’est pas automatiquement oublié lorsqu’on ne l’a pas.
Donc, je crois fortement que la pratique des armes renforce également nos techniques à mains nues. Sensei Fumio Demura a d’ailleurs écrit plusieurs livres portant sur les armes (le sai et le nunchaku sont deux qui me sautent à l’esprit immédiatement) et compare les techniques de karaté (pour Sensei Demura, c’est le Shito-ryu karaté) à celle des techniques d’armes. Historiquement parlant, les écoles de kenjutsu du Japon antique sont créditées pour le développement du Jujutsu japonais. En escrima, les mêmes types de mouvements sont utilisés avec bâton et couteaux, mais aussi à mains nues. Les exemples sont nombreux!